ديوان الغائبين ديوان الغائبين : ريمون راديكيه - Raymond Radiguet - فرنسا - 1903 -1923

ولد ريمون راديجيه بتاريخ 18 يونيو 1903 بسانت مور وتوفي يوم 12 دجنبر 1923 بباريس وهو لم يتجاوز العشرين من عمره، ويعد اصغر روائي فرنسي ، بدأ حياته الادبية في الخامسة عشر من عمره كتب روايتين "الشيطان في الجسد" و"حفلة الكونت دورجل" ولقيتا نجاحا شعبيا باهرا ..

Raymond Radiguet, né le 18 juin 1903 à Saint-Maur et mort le 12 décembre 1923 à Paris, est un écrivain français. Talent très précoce, il a écrit deux romans ayant connu un grand succès critique et populaire, soit Le Diable au corps et Le Bal du comte d'Orgel, publiés alors qu'il abordait la vingtaine.

Le Diable Au Corps. (1923)
Roman - Extrait
Par Raymond Radiguet. (1903-1923)

Je vais encourir bien des reproches. Mais qu’y puis-je? Est-ce ma faute si j’eus
douze ans quelques mois avant la déclaration de la guerre? Sans doute, les
troubles qui me vinrent de cette période extraordinaire furent d’une sorte qu’on
n’éprouve jamais à cet âge; mais comme il n’existe rien d’assez fort pour nous
vieillir malgré les apparences, c’est en enfant que je devais me conduire dans
une aventure où déjà un homme eût éprouvé de l’embarras. Je ne suis pas le seul.
Et mes camarades garderont de cette époque un souvenir qui n’est pas celui de
leurs aînés. Que ceux déjà qui m’en veulent se représentent ce que fut la guerre
pour tant de très jeunes garçons: quatre ans de grandes vacances. Nous habitions
à F..., au bord de la Marne. Mes parents condamnaient plutôt la camaraderie
mixte. La sensualité, qui naît avec nous et se manifeste encore aveugle, y gagna
au lieu de s’y perdre. Je n’ai jamais été un rêveur. Ce qui me semble rêve aux
autres, plus crédules, me paraissait à moi aussi réel que le fromage au chat,
malgré la cloche de verre. Pourtant la cloche existe. La cloche se cassant, le
chat en profite, même si ce sont ses maîtres qui la cassent et s’y coupent les
mains. Jusqu’à douze ans, je ne me vois aucune amourette, sauf pour une petite
fille, nommée Carmen, à qui je fis tenir, par un gamin plus jeune que moi, une
lettre dans laquelle je lui exprimais mon amour. Je m’autorisai de cet amour
pour solliciter un rendez-vous. Ma lettre lui avait été remise le matin avant
qu’elle se rendît en classe. J’avais distingué la seule fillette qui me
ressemblât, parce qu’elle était propre, et allait à l’école accompagnée d’une
petite, comme moi de mon petit frère. Afin que ces deux témoins se tussent,
j’imaginai de les marier, en quelque sorte. À ma lettre, j’en joignis donc une
de la part de mon frère, qui ne savait pas écrire, pour Mlle Fauvette.
J’expliquai à mon frère mon entremise, et notre chance de tomber juste sur deux
soeurs de nos âges et douées de noms de baptêmes aussi exceptionnels. J’eus la
tristesse de voir que je ne m’étais pas mépris sur le bon genre de Carmen,
lorsque, après avoir déjeuné avec mes parents qui me gâtaient et ne me
grondaient jamais, je rentrai en classe. À peine mes camarades à leurs pupitres
- moi en haut de la classe, accroupi pour prendre dans un placard, en ma qualité
de premier, les volumes de la lecture à haute voix -, le directeur entra. Les
élèves se levèrent. Il tenait une lettre à la main. Mes jambes fléchirent, les
volumes tombèrent, et je les ramassai, tandis que le directeur s’entretenait
avec le maître. Déjà, les élèves des premiers bancs se tournaient vers moi,
écarlate, au fond de la classe, car ils entendaient chuchoter mon nom. Enfin, le
directeur m’appela, et pour me punir finement, tout en n’éveillant, croyait-il,
aucune mauvaise idée chez les élèves, me félicita d’avoir écrit une lettre de
douze lignes sans aucune faute. Il me demanda si je l’avais bien écrite seul,
puis il me pria de le suivre dans son bureau. Nous n’y allâmes point. Il me
morigéna dans la cour, sous l’averse. Ce qui troubla fort mes notions de morale,
fut qu’il considérait comme aussi grave d’avoir compromis la jeune fille (dont
les parents lui avaient communiqué ma déclaration), que d’avoir dérobé une
feuille de papier à lettres. Il me menaça d’envoyer cette feuille chez moi. Je
le suppliai de n’en rien faire. Il céda, mais me dit qu’il conservait la lettre,
et qu’à la première récidive il ne pourrait plus cacher ma mauvaise conduite. Ce
mélange d’effronterie et de timidité déroutait les miens et les trompait, comme,
à l’école, ma facilité, véritable paresse, me faisait prendre pour un bon élève.
Je rentrai en classe. Le professeur, ironique, m’appela Don Juan. J’en fus
extrêmement flatté, surtout de ce qu’il me citât le nom d’une oeuvre que je
connaissais et que ne connaissaient pas mes camarades. Son «Bonjour, Don Juan»
et mon sourire entendu transformèrent la classe à mon égard. Peut-être avait-
elle déjà su que j’avais chargé un enfant des petites classes de porter une
lettre à une «fille», comme disent les écoliers dans leur dur langage. Cet
enfant s’appelait Messager; je ne l’avais pas élu d’après son nom, mais, quand
même, ce nom m’avait inspiré confiance. À une heure, j’avais supplié le
directeur de ne rien dire à mon père; à quatre, je brûlais de lui raconter tout.
Rien ne m’y obligeait. Je mettrais cet aveu sur le compte de la franchise.
Sachant que mon père ne se fâcherait pas, j’étais, somme toute, ravi qu’il
connût ma prouesse. J’avouai donc, ajoutant avec orgueil que le directeur
m’avait promis une discrétion absolue (comme à une grande personne). Mon père
voulait savoir si je n’avais pas forgé de toutes pièces ce roman d’amour. Il
vint chez le directeur. Au cours de cette visite, il parla incidemment de ce
qu’il croyait être une farce. - Quoi? dit alors le directeur surpris et très
ennuyé; il vous a raconté cela? Il m’avait supplié de me taire, disant que vous
le tueriez. Ce mensonge du directeur l’excusait; il contribua encore à mon
ivresse d’homme. J’y gagnai séance tenante l’estime de mes camarades et des
clignements d’yeux du maître. Le directeur cachait sa rancune. Le malheureux
ignorait ce que je savais déjà: mon père, choqué par sa conduite, avait décidé
de me laisser finir mon année scolaire, et de me reprendre. Nous étions alors au
commencement de juin. Ma mère ne voulant pas que cela influât sur mes prix, mes
couronnes, se réservait de dire la chose, après la distribution. Ce jour venu,
grâce à une injustice du directeur qui craignait confusément les suites de son
mensonge, seul de la classe, je reçus la couronne d’or que méritait aussi le
prix d’excellence. Mauvais calcul: l’école y perdit ses deux meilleurs élèves,
car le père du prix d’excellence retira son fils. Des élèves comme nous
servaient d’appeaux pour en attirer d’autres. Ma mère me jugeait trop jeune pour
aller à Henri-IV. Dans son esprit, cela voulait dire: pour prendre le train. Je
restai deux ans à la maison et travaillai seul.

***

Cheveux D’Ange.

Des anges chauves tissent les fils de la vierge. Toile
d’araignée, l’étoile du désespoir.
Mouches enivrées, joueurs de tennis, malgré les
filets, malgré l’azur insolent qui nous limite, continuons
à charmer les lectrices des magazines anglais.

***

Montagnes Russes Ou Voyage De Noces.

À ma place.

Le lecteur et sa gracieuse compagne
Aux abeilles feraient la chasse
Mon amour Le pot de miel est à moitié vide
Un ciel à peine aussi tranquille
Que le ciel de notre lit
Jeune mariée Violette
Qui souriez sous la voilette
Sans retard réclamez la terre ferme.

***

Tombeau De Vénus.

Jouets des vagues, vos oreilles roses. Ô mes
cousines, plus légères que l’onde, pourquoi l’orphéon
océanique vous fait-il frissonner ? Voici Vénus. (Mais
si vous voulez grandir, mes petites cousines, vous
n’avez pas de temps à perdre.)
Aujourd’hui, cueillette des plumes d’autruche ;
bouquet de vagues frisées, l’éventail de Vénus.
Si elle se noie, nous lui élèverons un tombeau en
coquillages.




ريمون راديكيه

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