- Lettre et un télégramme de Marcel Proust à Robert de Montesquiou
* Lettre 1
Mercredi [ juillet 1895]
Mon Cher Maître,
Nous partons peut’être vendredi et cette incertitude retroagit [sic] jusqu’à la soirée de demain. Si nous pouvons quitter assez tôt Me Aubernon nous serons bien honorés et heureux d’aller vous voir. Je suis allé voir mon autre Maître, Monsieur France, qui est comme vous inspiré et bon ; mais je n’ai pu le trouver et je lui ai écrit un mot auquel il n’a pas encore répondu mais qui sera reçu joyeusement puisque votre sympathie y est exprimée. Bien las pour le moment j’ai soif d’aller me desalterer [sic] demain soir au « cristal » de votre esprit
« C’est une Source ! »
Je m’arrête car les vers maintenant dans ma mémoire ne s’arrêtent plus. Et il ne faut pas parler en écoutant la musique.
Votre reconnaissant et respectueux
Marcel Proust
Hahn votre admirateur et mon ami vous remercie de tout cœur et espère que cette fois vous ne direz pas que « vous n’avez rien vu venir ».
**********
Lettre 2 (Télégramme)
Monsieur Le Comte Robert de Montesquiou
80 rue de l’Université
PARIS
30 décembre 1895
Mon Cher Maître
Grâce à ce présent où une plaisanterie vulgaire se relève de toute la hauteur du génie raffiné qui y condescend mon jour de l’an ne sera pas moins ennobli que ne l’avait été par vos exquis noels [sic] à trois voix et autre, mon noel [sic]. Me voilà forcer [sic] à ajourner des étrennes que vous avez devancées et qui seraient trop inégales surtout puisque
« La main qui daigne offrir en fait aussi le prix »
Voilà bien votre bonté, donner si généreusement je ne dis pas à ceux à qui vous ne devez rien, car vous ne devez rien à personne, mais à ceux qui selon tte apparence, ne pourront jamais rien vous rendre à moins que ne se présente le cas de la fable du rat en échange de ce lapin. Je vous souhaite une bonne année et pour moi l’augure bonne et pour nous tous puisque vous avez laissé espérer l’autre jour beaucoup de chefs d’œuvre à naître prochainement. Je vous remercie, vous admire et vous aime de tout mon cœur.
Votre respectueux
Marcel Proust
J’envoie à d’Yturri tous mes vœux les pl. sincères.
* Lettre 1
Mercredi [ juillet 1895]
Mon Cher Maître,
Nous partons peut’être vendredi et cette incertitude retroagit [sic] jusqu’à la soirée de demain. Si nous pouvons quitter assez tôt Me Aubernon nous serons bien honorés et heureux d’aller vous voir. Je suis allé voir mon autre Maître, Monsieur France, qui est comme vous inspiré et bon ; mais je n’ai pu le trouver et je lui ai écrit un mot auquel il n’a pas encore répondu mais qui sera reçu joyeusement puisque votre sympathie y est exprimée. Bien las pour le moment j’ai soif d’aller me desalterer [sic] demain soir au « cristal » de votre esprit
« C’est une Source ! »
Je m’arrête car les vers maintenant dans ma mémoire ne s’arrêtent plus. Et il ne faut pas parler en écoutant la musique.
Votre reconnaissant et respectueux
Marcel Proust
Hahn votre admirateur et mon ami vous remercie de tout cœur et espère que cette fois vous ne direz pas que « vous n’avez rien vu venir ».
**********
Lettre 2 (Télégramme)
Monsieur Le Comte Robert de Montesquiou
80 rue de l’Université
PARIS
30 décembre 1895
Mon Cher Maître
Grâce à ce présent où une plaisanterie vulgaire se relève de toute la hauteur du génie raffiné qui y condescend mon jour de l’an ne sera pas moins ennobli que ne l’avait été par vos exquis noels [sic] à trois voix et autre, mon noel [sic]. Me voilà forcer [sic] à ajourner des étrennes que vous avez devancées et qui seraient trop inégales surtout puisque
« La main qui daigne offrir en fait aussi le prix »
Voilà bien votre bonté, donner si généreusement je ne dis pas à ceux à qui vous ne devez rien, car vous ne devez rien à personne, mais à ceux qui selon tte apparence, ne pourront jamais rien vous rendre à moins que ne se présente le cas de la fable du rat en échange de ce lapin. Je vous souhaite une bonne année et pour moi l’augure bonne et pour nous tous puisque vous avez laissé espérer l’autre jour beaucoup de chefs d’œuvre à naître prochainement. Je vous remercie, vous admire et vous aime de tout mon cœur.
Votre respectueux
Marcel Proust
J’envoie à d’Yturri tous mes vœux les pl. sincères.