René Guy Cadou est un poète français, né le 15 février 1920 à Sainte-Reine-de-Bretagne en Loire-Atlantique (alors Loire-Inférieure) et décédé le 20 mars 1951 à 31 ans à Louisfert également en Loire-Atlantique.
Né au cœur du marais de Grande Brière, il est fils d’instituteurs laïques. Il grandit dans une ambiance de préaux d’écoles, de rentrées des classes, de beauté des automnes, de scènes de chasse et de vie paysanne qui deviendront plus tard une source majeure de son inspiration poétique : « Mon père s’y plaisait en costume de chasse, Nous y avions de tendres rendez-vous… » Puis viendra à 7 ans à Saint Nazaire la découverte de la ville et du cinéma populaire. En 1930 (il a dix ans), c'est le départ à Nantes pour le 5 quai Hoche, et pour le lycée Clemenceau. La mort de sa mère Anna le 30 mai 1932 plongera le tout jeune adolescent dans une mélancolie profonde. La nostalgie de Sainte Reine et de cette enfance terrienne, végétale et heureuse, mais aussi la ville et sa vie ouvrière, et la mort hanteront plus tard sa poésie.
Les fusillés de Châteaubriant
Cadou René-Guy
Ils sont appuyés contre le ciel
Ils sont une trentaine appuyés contre le ciel,
Avec toute la vie derrière eux
Ils sont pleins d’étonnement pour leur épaule
Qui est un monument d’amour
Ils n’ont pas de recommandation à se faire
Parce qu’ils ne se quitteront jamais plus
L’un d’eux pense à un petit village
Où il allait à l’école
Un autre est assis à sa table
Et ses amis tiennent ses mains
Ils ne sont déjà plus du pays dont ils rêvent
Ils sont bien au dessus de ces hommes
Qui les regardent mourir
Il y a entre eux la différence du martyre
Parce que le vent est passé là où ils chantent
Et leur seul regret est que ceux
Qui vont les tuer n’entendent pas
Le bruit énorme des paroles
Ils sont exacts au rendez-vous
Ils sont même en avance sur les autres
Pourtant ils disent qu’ils ne sont plus des apôtres
Et que tout est simple
Et que la mort surtout est une chose simple
Puisque toute liberté se survit.
***
L'enfant précoce
Cadou René-Guy
Une lampe naquit sous la mer
Un oiseau chanta
Alors dans un village reculé
Une petite fille se mit à écrire
Pour elle seule
Le plus beau poème
Elle n'avait pas appris l'orthographe
Elle dessinait dans le sable
Des locomotives
Et des wagons pleins de soleil
Elle affrontait les arbres gauchement
Avec des majuscules enlacées et des cœurs
Elle ne disait rien de l'amour
Pour ne pas mentir
Et quand le soir descendait en elle
Par ses joues
Elle appelait son chien doucement
Et disait
« Et maintenant cherche ta vie ».
René Guy Cadou
***
Né au cœur du marais de Grande Brière, il est fils d’instituteurs laïques. Il grandit dans une ambiance de préaux d’écoles, de rentrées des classes, de beauté des automnes, de scènes de chasse et de vie paysanne qui deviendront plus tard une source majeure de son inspiration poétique : « Mon père s’y plaisait en costume de chasse, Nous y avions de tendres rendez-vous… » Puis viendra à 7 ans à Saint Nazaire la découverte de la ville et du cinéma populaire. En 1930 (il a dix ans), c'est le départ à Nantes pour le 5 quai Hoche, et pour le lycée Clemenceau. La mort de sa mère Anna le 30 mai 1932 plongera le tout jeune adolescent dans une mélancolie profonde. La nostalgie de Sainte Reine et de cette enfance terrienne, végétale et heureuse, mais aussi la ville et sa vie ouvrière, et la mort hanteront plus tard sa poésie.
Les fusillés de Châteaubriant
Cadou René-Guy
Ils sont appuyés contre le ciel
Ils sont une trentaine appuyés contre le ciel,
Avec toute la vie derrière eux
Ils sont pleins d’étonnement pour leur épaule
Qui est un monument d’amour
Ils n’ont pas de recommandation à se faire
Parce qu’ils ne se quitteront jamais plus
L’un d’eux pense à un petit village
Où il allait à l’école
Un autre est assis à sa table
Et ses amis tiennent ses mains
Ils ne sont déjà plus du pays dont ils rêvent
Ils sont bien au dessus de ces hommes
Qui les regardent mourir
Il y a entre eux la différence du martyre
Parce que le vent est passé là où ils chantent
Et leur seul regret est que ceux
Qui vont les tuer n’entendent pas
Le bruit énorme des paroles
Ils sont exacts au rendez-vous
Ils sont même en avance sur les autres
Pourtant ils disent qu’ils ne sont plus des apôtres
Et que tout est simple
Et que la mort surtout est une chose simple
Puisque toute liberté se survit.
***
L'enfant précoce
Cadou René-Guy
Une lampe naquit sous la mer
Un oiseau chanta
Alors dans un village reculé
Une petite fille se mit à écrire
Pour elle seule
Le plus beau poème
Elle n'avait pas appris l'orthographe
Elle dessinait dans le sable
Des locomotives
Et des wagons pleins de soleil
Elle affrontait les arbres gauchement
Avec des majuscules enlacées et des cœurs
Elle ne disait rien de l'amour
Pour ne pas mentir
Et quand le soir descendait en elle
Par ses joues
Elle appelait son chien doucement
Et disait
« Et maintenant cherche ta vie ».
René Guy Cadou
***