ديوان الغائبين تاكو بوكو Takuboku Ishikawa - اليابان - 1886 - 1912

Takuboku Ishikawa est un poète japonais, né le 20 février 1886 et mort de tuberculose le 13 avril 1912 à l'âge de vingt-six ans.

Son père avait la charge d'un temple bouddhique à Shibutami, dans le nord du pays. Takuboku se détourne vite de brillantes études pour se passionner pour la poésie. Mais sa maladie et d'autres aléas de sa vie personnelle le conduiront à une existence précaire, l'obligeant à gagner sa vie comme instituteur, journaliste, correcteur d'imprimerie.

Considéré comme un Rimbaud japonais, il est fameux comme auteur de tanka et de poésie de style « moderne » (shintaishi ou shi) ou « libre » (jiyushi). Il fut d'abord membre du groupe de poètes naturalistes Myojo, puis se joignit au groupe dit « socialiste ».

Ses principales œuvres sont des tankas et un journal intime :

Ichiakuno no suna (Une poignée de sable) 1910
Kanashiki gangu (Jouets tristes) publié en 1912, après sa mort

Je me rappellerai la nuit
où j'ai parlé de mon amour
à cet ami.

Le rire d'une femme tout à coup
me transperça
une nuit de saké froid dans la cuisine.

Je pense tendrement à celle
qui m'avait dit le jour de la fête des morts :
trouvons des vêtements et allons danser.

Ces paroles précieuses
que je n'ai jamais dites
restent dans ma poitrine.

Descendu à la gare au bout de la ligne
la neige brillait
je me suis avancé dans une ville désolée.

***

Comme cerf-volant au fil coupé
l'allégresse de mes jeunes années
s'en est allée au vent.

La petite musique du marchand ambulant
comme si je pouvais recueillir
ma jeunesse perdue.

Est-il mort le maître
qui autrefois m'a donné
ce livre de géographie ?

Champs et rizières vendus
il ne leur reste que le Saké
combien me sont devenus proches les gens de mon pays.

Et soudain cette pensée : trois ans
que je n'ai pas entendu
le piaillement des oiseaux du pays.

Cette femme qui pleurait dans ma chambre
était-elle souvenir d'un roman
ou de l'un de mes jours ?

***

A la fin des vacances
la jeune enseignante d’anglais
n’a pas reparu.

Cet ami qui exaltait la foi
j’ai brisé sa croyance
sous un châtaigner au bord du chemin.

Ces livres qu’alors nous aimions tant
pour la plupart
ont cessé d’être lus.

La petite musique du marchand ambulant
comme si je pouvais recueillir
ma jeunesse perdue.

Je voudrais à nouveau m’appuyer au rebord
du balcon
de l’école de Morioka



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