Ce jeudi
Mon cher Gautier,
Si vous suivez l’aimable envie que vous m’avez manifestée hier, d’écrire maintenant quelque chose sur ma tardive production, je viens vous demander de vouloir bien mentionner que vous avez vu le travail avant sa fin et que le public ne peut encore être admis1. Quand je vais avoir amené par billets quelques artistes ou amis, il va falloir maintenir la clôture de la chapelle pour achever les ornements, boiseries, etc. ; comme il n’est pas douteux qu’un article de vous n’excite la curiosité sur l’ouvrage, on ne saura que faire des curieux qui sur le bruit de l’achèvement des peintures arriveront pour la voir.
Je vous remercie de nouveau de votre visite et suis surtout bien touché de votre impression.
Tout vôtre,
Eug. Delacroix
***
Ce 22 juillet
Mon cher Gautier,
Je lis en revenant à Paris votre article mille fois bon et bienveillant sur mon exposition1. Je vous en remercie de cœur au-delà de ce que je puis vous exprimer. Oui, vous devez éprouver de la satisfaction en voyant que toutes ces folies dont autrefois vous preniez le parti à peu près seul, paraissent aujourd’hui toutes naturelles ; mais cette nouvelle confirmation est d’un grand effet sur les esprits. J’ai rencontré hier soir une femme que je n’avais pas vu depuis dix ans et qui m’a assuré qu’en entendant lire une partie de votre article elle avait cru que j’étais mort, pensant qu’on ne louait ainsi que les gens morts et enterrés. Dieu merci je suis vivant, mais s’il est juste de dire que la lutte et l’activité de l’esprit font vivre, il faut reconnaître aussi que les éloges encouragent et soutiennent. Vous pensez très justement que les vôtres ont eu cet effet : la moindre goutte de cette rosée suffirait pour adoucir bien des coupes d’absinthe assez dures à digérer. Comme j’ai toujours eu le bonheur d’être sévère pour moi-même, votre opinion toujours bienveillante, m’aidait aussi à prendre mon propre parti contre les ennemis.
Adieu mon cher Gautier. Recevez les assurances les plus sincères de ma reconnaissance.
Eug. Delacroix
***
Ce 4 août 1861
Mon cher Gautier,
Mille, mille grâces et de votre poétique et si bienveillant article1, et de l’empressement que vous avez mis à le faire. Vous m’avez gâté si souvent que je finis par croire à tout ce que votre amitié écrit à mon adresse ; j’oublie trop que votre imagination ajoute à mes inventions et que votre style y met le vernis.
Je vous remercie donc bien sincèrement et vous serre la main.
Eug. Delacroix
Mon cher Gautier,
Si vous suivez l’aimable envie que vous m’avez manifestée hier, d’écrire maintenant quelque chose sur ma tardive production, je viens vous demander de vouloir bien mentionner que vous avez vu le travail avant sa fin et que le public ne peut encore être admis1. Quand je vais avoir amené par billets quelques artistes ou amis, il va falloir maintenir la clôture de la chapelle pour achever les ornements, boiseries, etc. ; comme il n’est pas douteux qu’un article de vous n’excite la curiosité sur l’ouvrage, on ne saura que faire des curieux qui sur le bruit de l’achèvement des peintures arriveront pour la voir.
Je vous remercie de nouveau de votre visite et suis surtout bien touché de votre impression.
Tout vôtre,
Eug. Delacroix
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Ce 22 juillet
Mon cher Gautier,
Je lis en revenant à Paris votre article mille fois bon et bienveillant sur mon exposition1. Je vous en remercie de cœur au-delà de ce que je puis vous exprimer. Oui, vous devez éprouver de la satisfaction en voyant que toutes ces folies dont autrefois vous preniez le parti à peu près seul, paraissent aujourd’hui toutes naturelles ; mais cette nouvelle confirmation est d’un grand effet sur les esprits. J’ai rencontré hier soir une femme que je n’avais pas vu depuis dix ans et qui m’a assuré qu’en entendant lire une partie de votre article elle avait cru que j’étais mort, pensant qu’on ne louait ainsi que les gens morts et enterrés. Dieu merci je suis vivant, mais s’il est juste de dire que la lutte et l’activité de l’esprit font vivre, il faut reconnaître aussi que les éloges encouragent et soutiennent. Vous pensez très justement que les vôtres ont eu cet effet : la moindre goutte de cette rosée suffirait pour adoucir bien des coupes d’absinthe assez dures à digérer. Comme j’ai toujours eu le bonheur d’être sévère pour moi-même, votre opinion toujours bienveillante, m’aidait aussi à prendre mon propre parti contre les ennemis.
Adieu mon cher Gautier. Recevez les assurances les plus sincères de ma reconnaissance.
Eug. Delacroix
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Ce 4 août 1861
Mon cher Gautier,
Mille, mille grâces et de votre poétique et si bienveillant article1, et de l’empressement que vous avez mis à le faire. Vous m’avez gâté si souvent que je finis par croire à tout ce que votre amitié écrit à mon adresse ; j’oublie trop que votre imagination ajoute à mes inventions et que votre style y met le vernis.
Je vous remercie donc bien sincèrement et vous serre la main.
Eug. Delacroix