27 septembre 1923
Très honoré Ivan Petrovitch,
Excusez-moi de me permettre, par la présente lettre, de venir vous arracher de vos travaux d'une importance exceptionnelle.
Je présenterai comme excuse que son sujet, bien qu'abordé en dilettante, me semble avoir un rapport direct avec la théorie fondée par vous. Il s'agit des rapports réciproques entre la théorie psychanalytique de Freud et la théorie des réflexes conditionnés.
Durant les quelques années de mon séjour à Vienne, j'ai coudoyé d'assez près les freudiens; je lisais leurs travaux et fréquentais même leurs réunions. Dans leur manière d'aborder les problèmes psychologiques, j'ai toujours été frappé par le fait qu'ils allient un réalisme physiologique à une analyse quasi littéraire des phénomènes psychiques.
Au fond, la théorie psychanalytique est basée sur le fait que le processus psychologique représente une superstructure complexe fondée sur des processus physiologiques et par rapport auxquels il se trouve subordonné. Le lien entre les phénomènes psychiques " supérieurs " et les phénomènes physiologiques " inférieurs " demeure, dans l'écrasante majorité des cas, subconscient et se manifeste dans les rêves, etc.
Votre théorie sur les réflexes conditionnés, il me semble, englobe la théorie de Freud comme un cas particulier. La sublimation de l'énergie sexuelle – thème favori de l'école freudienne – est une création reposant sur les bases sexuelles des réflexes conditionnés n+1, n+2, et suivants.
Les freudiens ressemblent à des gens qui regardent dans un puits profond et assez trouble. Ils ont cessé de croire que ce puits est un abîme (l'abîme de " l'âme "), ils voient ou décrivent le fond physiologique et construisent toute une série d'hypothèses ingénieuses et intéressantes, mais arbitraires du point de vue scientifique, sur les propriétés du fond, déterminant la nature de l'eau dans le puits.
La théorie des réflexes conditionnés ne se satisfait pas de méthodes semi-scientifiques et semi- " littéraires ", d'observations faites de haut en bas, mais elle descend jusqu'au fond et revient expérimentalement vers le haut.
27 septembre 1923.
Très honoré Ivan Petrovitch,
Excusez-moi de me permettre, par la présente lettre, de venir vous arracher de vos travaux d'une importance exceptionnelle.
Je présenterai comme excuse que son sujet, bien qu'abordé en dilettante, me semble avoir un rapport direct avec la théorie fondée par vous. Il s'agit des rapports réciproques entre la théorie psychanalytique de Freud et la théorie des réflexes conditionnés.
Durant les quelques années de mon séjour à Vienne, j'ai coudoyé d'assez près les freudiens; je lisais leurs travaux et fréquentais même leurs réunions. Dans leur manière d'aborder les problèmes psychologiques, j'ai toujours été frappé par le fait qu'ils allient un réalisme physiologique à une analyse quasi littéraire des phénomènes psychiques.
Au fond, la théorie psychanalytique est basée sur le fait que le processus psychologique représente une superstructure complexe fondée sur des processus physiologiques et par rapport auxquels il se trouve subordonné. Le lien entre les phénomènes psychiques " supérieurs " et les phénomènes physiologiques " inférieurs " demeure, dans l'écrasante majorité des cas, subconscient et se manifeste dans les rêves, etc.
Votre théorie sur les réflexes conditionnés, il me semble, englobe la théorie de Freud comme un cas particulier. La sublimation de l'énergie sexuelle – thème favori de l'école freudienne – est une création reposant sur les bases sexuelles des réflexes conditionnés n+1, n+2, et suivants.
Les freudiens ressemblent à des gens qui regardent dans un puits profond et assez trouble. Ils ont cessé de croire que ce puits est un abîme (l'abîme de " l'âme "), ils voient ou décrivent le fond physiologique et construisent toute une série d'hypothèses ingénieuses et intéressantes, mais arbitraires du point de vue scientifique, sur les propriétés du fond, déterminant la nature de l'eau dans le puits.
La théorie des réflexes conditionnés ne se satisfait pas de méthodes semi-scientifiques et semi- " littéraires ", d'observations faites de haut en bas, mais elle descend jusqu'au fond et revient expérimentalement vers le haut.
27 septembre 1923.