Ouafaâ Bennani - Valeur littérature des «Mille et une nuits»

L’œuvre des «Mille et une nuits», inscrite dans l'arabité et de valeur culturelle mondiale, a suscité de nombreuses controverses au sujet de ses origines persanes, indiennes et même maghrébines.

Or, ce colloque international de littérature comparée su

En effet, Muhsin Jamal Al-Musauvi de l'American University in Sharjah (Emirats Arabes Unis), nous a révélé dans sa seconde intervention, lors de cette rencontre d'éminents chercheurs de part le monde, que «l'intérêt pour la complexité et la richesse des contes des «Mille et une nuits» (in modern arabic literature) dans de nombreux domaines n'est, cependant, venu que plus tard, en liaison avec la prise de conscience de la place de l'uvre en question en Occident».
Il est vrai que cet intérêt a encouragé les prosateurs et les poètes à rechercher l'authentique et le réel par delà la codification rhétorique.

Selon Muhsin Jasim, les dramaturges et les critiques y découvrirent motifs et postes féconds pour traiter la question des genres, tandis que les poètes, pendant ces 40 dernières années, puisèrent dans les contes de quoi aborder la question du quotidien. Ainsi, une poétique de la transgression fut née de ce mouvement culminant alors dans l'usage qu'Alfred Faraj fit de certains contes, ou dans leur réutilisation condensée par Najib Mahfoud. Cependant, Aboubakr Chraïbi (de Inalco- Paris) nous a rapporté dans sa communication que sur le plan technique, l'ensemble des nuits est un mode de composition qui associe trois sortes de matériaux:
- Premièrement, des schémas d'intrigues des origines les plus diverses qui peuvent s'inspirer aussi bien du folklore que des traditions moyennes ou savantes.

- Deuxièmement, une culture générale plus marquée par les lettres et la civilisation arabe où la poésie, les proverbes, l'événementiel historique, un savoir de personne cultivée, trouvant leur place.

- Troisièmement, une dynamique littéraire créative qui recompose, modifie et reformule librement les données précédentes, introduisant les scènes originales, des descriptions vives, un nouvel univers fictionnel et une nouvelle perspective.

Par contre, d'après l'exposé de Abdelghani Abou-Al-Aâzm (université Aïn Chok, Casablanca) intitulé «Religion et moralité dans les mille et une nuits» le religieux informe la littérature et en constitue un référentiel important, non pas sur le plan thématique, mais à partir de l'analyse du lexique. Il s'agira ainsi de montrer que ce lexique musulman a contribué «à islamiser» des récits et des contenus venus d'autres cultures et d'avant l'Islam.

Le narrateur a pu de cette manière tisser des fictions à consonances. Toutefois, la totalité des manuscrits des «mille et une nuits» sont rédigés dans une forme particulière d'arabe, connue sous l'appellation de «moyen-arabe». Cette particularité linguistique n'apparaît plus aujourd'hui dans les éditions commerciales courantes des «Nuits». Or, la communication de Jean Patrick Guillaume (Université Paris III) nous précise que celles-ci sont toutes tributaires de l'édition égyptienne de Bulaq (1835), dont le texte préparé par un Cheikh d'Al-Azhar, a été entièrement «retraduit» en arabe classique.

Les raisons de cette opération sont à chercher dans le contexte de la culture arabe (la Nahda), marquée par la volonté de retrouver les formes linguistiques et littéraires des «siècles d'or», de la période Abbasside (IX-X siècles).

C'est dire que l'uvre des «mille et une nuits» représente aujourd'hui un patrimoine riche et fécond inépuisable d'une dimension universelle.

Ce qui a suscité sa traduction dans plusieurs langues, à travers lesquelles l'Occident a découvert l'univers magique et fascinant de l'Orient.

Nous retiendrons celle de Antoine Galland (premier traducteur des mille et une nuits) qui a obtenu un succès considérable.

Ainsi, Jean Paul Sermain, dans son intervention, s'est proposé d'expliquer l'apport original de cette traduction aux débats contemporains sur la question alors cruciale de la fiction et de son sens textuel.

Quant à Sylevette Larzal, celle-ci, dans son exposé, a fait allusion aux principales traductions françaises des «mille et une nuits» qui constituent des réécritures adaptées au lectorat de leur temps, créant alors une nouvelle «littérature orientaliste».



* maghress
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