De la Kaâba à la tour Eiffel
Amine Zaoui
En hommage au poète Achraf Fayyadh, condamné à mort en Arabie Saoudite.
Le poète fait-il peur au point d’être condamné à mort ? Est-ce qu’un poète à l’image d’Achraf Fayyadh, faiseur de mots, d’images, de vers et de musique, incarne le danger pour la nation musulmane ? Représente-t-il un risque pour l’existence de Dieu des musulmans ?
Quand on condamne à mort un poète au nom de l’islam, dans la terre de la révélation, cela n’est qu’un signe de l’extrême folie politico-religieuse. Le poète n’est qu’un oiseau dont les ailes sont pleines de cieux, dont les mots sont les terres des rêves.
Quand, au nom de l’islam, dans la terre native du Prophète, on délibère la tuerie d’un poète sous prétexte qu’il a blasphémé, ou sous n’importe quel prétexte, cela signifie, et par excellence, que nous sommes dans l’ère de la sauvagerie humaine.
Quand, au nom de la protection d’Allah !! on condamne à mort le poète, et dans l’autre côté du monde, celui, soi-disant, des droits de l’homme, celui, soit disant, de la liberté de la création, dans cette partie du monde appelé Occident, on se mure dans le silence complice, cela signifie que la sauvagerie humaine est générale, généralisée.
Quand, au nom de la religion, dans un pays ami !! on tue un poète, les enfants de l’Occident, ceux de Voltaire, de Lorca, de Nietzsche… doivent réagir. Si ces enfants ne font rien, ils sont adhérents à ce crime. Et, il faut le dire, sans rhétorique aucune : le terrorisme arrivera aux pieds de la tour Eiffel !
Afin de pouvoir assécher les sources du terrorisme islamique qui a frappé Paris, New-York, Londres… et menace Bruxelles, il faut défendre la vie menacée du poète Achraf Fayyadh dans les pays riches des wahhabites.
Protéger la liberté des poètes c’est arrêter l’hypocrisie politique et intellectuelle. Arrêter les mensonges. Arrêter de faire passer l’argent avant la liberté. Arrêter d’aimer un puits de pétrole plus qu’un poème. Arrêter d’adorer un carnet de chèques plus qu’un carnet de poète.
Afin que le terrorisme n’habite jamais à Paris, Damas, Oran, Tunis, Tanger, Dakar, Berlin ou Los Angles… il faut lutter pour préserver la vie des poètes.
Il faut dire, haut et clair : stop aux menaces, aux condamnations qui pleuvent sur les têtes des poètes et des internautes en Arabie Saoudite, source fondamentale du wahhabisme. Amie de l’Occident !
Afin de protéger le droit à la vie libre des citoyens, en Occident, loin de toute menace terroriste islamique, il faut défendre sans ambiguïté le droit à la vie libre dans le pays où gouvernent vos amis les islamistes wahhabites.
Quand on ferme les yeux sur le crime de la condamnation à mort du poète Achraf Fayyadh, les Baudelaire, les Rimbaud, les Mallarmé, les Malherbes, les Aragon se retournent dans leurs tombes. Et les poètes depuis Homère, passant par El-Mutanabbi, jusqu’à Kateb Yacine et Abdellatif Laâbi, se sentent trahis !
Dieu, Allah et Yahvé n’ont pas besoin d’êtres humains qui prennent leur défense en déversant le sang des citoyens attablés dans une terrasse ou celui d’autres dansant sur une belle musique dans une salle de spectacle à Paris, ou en privant les poètes de leurs droits de vivre.
Le poète fait-il peur au point d’être condamné à mort ? Le poète à l’image d’Achraf Fayyadh, faiseur de mots, d’images, de vers et de musique, incarne-t-il le danger guettant la nation musulmane ? Représente-t-il un risque pour l’existence de Dieu des musulmans ?
A. Z.
.