Etienne de la Boétie est né le 1er novembre 1530 à Sarlat, dans une famille de magistrats.
Il est élevé dans un milieu bourgeois très instruit. Nous avons toutefois peu d'informations précises sur l'éducation et les premières années de l'auteur. On sait que son père meurt alors qu'il est encore jeune. Etienne est alors confié à son oncle Estienne, à qui il « doit son institution et tout ce qu'il est et pouvait être ».
Malgré les rumeurs d'un passage au Collège de Guyenne, l'institution bordelaise n'en a aucune trace. En tout cas, après la fin de ses humanités, la Boétie se prend de passion pour la philologie antique. Il écrit des vers en plusieurs langues, français, latin et grec, ainsi que de nombreux sonnets d'amour. Par la suite, Etienne sera un grand traducteur de Plutarque, Xénophon et Virgile.
Dès 18 ans, le jeune homme étudie le droit à l'Université d'Orléans. Il écrit alors son premier et plus célèbre ouvrage, Discours de la Servitude Volontaire ou Contr'un.
Cet ouvrage développe une critique forte de la tyrannie. Cela explique peut-être sa publication tardive après la mort de l'écrivain, en 1574, dans le recueil de tendance protestante, Le réveil-matin des Français.
En janvier 1553, la Boétie devient conseiller au parlement de Bordeaux, deux ans avant l'âge légal.
En décembre 1553, il est promu à l'office de Conseiller en la cour.
Dès 1560, Etienne prend part à plusieurs négociations de paix en plein cœur des guerres de religion entre catholiques et protestants. Il épouse, à cette époque, Marguerite de Carle.
Durant l'année de 1563, la santé de la Boétie se dégrade subitement et violemment : il est très atteint pour un « flux de ventre avec des tranchées ». Il s'agit en fait d'une dysenterie qui tourne mal.
La peste et la famine font rage dans le Périgord, et son ami Montaigne pense qu'Etienne y a attrapé le germe. La Boétie cherche alors à regagner le Médoc et les terres de sa femme. Il cherche de l'air pur et un environnement favorable à sa guérison. Malheureusement pour lui, la douleur est-elle qui doit s'arrêter en chemin.
L'écrivain se repose alors quelques temps chez Richard de Lestonnac, le beau-frère de Montaigne et un de ses collègues au Parlement. Etienne de la Boétie comprend qu'il va bientôt mourir, et dicte son testament. Il meurt finalement le 18 août 1563 à Germignan, non loin de Bordeaux.
Montaigne commente la mort de son ami dans une lettre pour son père : « Le 18 du mois d'août de l'an 1563, Étienne de la Boétie expire. Il n'est âgé que de 32 ans 9 mois 17 jours »
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Au milieu des chaleurs de Juillet l'alteré
Au milieu des chaleurs de Juillet l'alteré,
Du nom de Marguerite une feste est chomee,
Une feste à bon droit de moy tant estimee :
Car de ce jour tout l'an ce me semble est paré.
Ce beau et riche nom, ce nom vrayment doré,
C'est le nom bienheureux dont ma Dame est nommée,
Le nom qui de son los charge la renommee,
Et qui, maugré les ans, de vivre est asseuré.
Ou l'encre et le papier en ma main faillira,
Ou ce nom en mes vers par tout le monde ira.
Il faut qu'elle se voye en cent cartes escripte.
Et qu'un jour nos nepveux, estonnez en tous temps,
Soit hyver, soit esté, sans faveur du printemps,
Voyent dans le papier fleurir la Marguerite.
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Puis qu'ainsi sont mes dures destinees
Puis qu'ainsi sont mes dures destinees,
J'en saouleray, si je puis, mon soucy,
Si j'ay du mal, elle le veut aussi :
J'accompliray mes peines ordonnees.
Nymphes des bois, qui avez, estonnees,
De mes douleurs, je croy, quelque mercy,
Qu'en pensez-vous ? Puis-je durer ainsi,
Si à mes maux tresves ne sont donnees ?
Or si quelqu'une à m'escouter s'encline,
Oyés, et pour Dieu, ce qu'orez je devine :
Le jour est prez que mes forces jà vaines
Ne pourront plus fournir à mon tourment ;
C'est mon espoir ; si je meurs en aimant,
A donc, je croy, failliray je à mes peines.
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Ou soit lors que le jour le beau Soleil nous donne
Ou soit lors que le jour le beau Soleil nous donne,
Ou soit quand la nuict oste aux choses la couleur,
Je n'ay rien en l'esprit que ta grande valeur,
Et ce souvenir seul jamais ne m'abandonne.
A ce beau souvenir tout entier je me donne,
Et s'il tire avec soy tousjours quelque douleur,
Je ne prens point cela toutefois pour malheur,
Car d'un tel souvenir la douleur mesme est bonne.
Ce souvenir me plaist encor qu'il me tourmente,
Car rien que tes valeurs à moy il ne presente.
Il me desplait d'un point, qu'il fait que je repense.
Une grace cent fois. Or meshuy vois-je bien,
Pour pouvoir penser tout ce que tu as de bien,
Qu'il ne faut pas deux fois qu'une grace je pense.
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