ديوان الغائبين ديوان الغائبين : ليون دوبيل Léon Deubel - فرنسا - 1879 - 1913

Léon Deubel, né à Belfort le 22 mars 1879 et mort à Maisons-Alfort le 12 juin 1913, est un poète français.

Pauvre, inadapté à la vie sociale, Léon Deubel se suicida en se jetant dans la Marne après avoir brûlé tous ses manuscrits.

Deubel est considéré comme un des derniers poètes maudits.
Premiers poèmes

Après le baccalauréat, Deubel devient répétiteur à Pontarlier d’avril à octobre 1897, puis en novembre est nommé au Collège Louis Pasteur d’Arbois1. En 1898, Hector Fleischmann publie un de ses premiers recueils de poèmes : Six Élégies d’un jeune homme mélancolique. On y trouve en Liminaire ces vers de Deubel :

Le vent fait virer ta bougie,
Petit ami sur qui voilà
Le front penché des nostalgies.
(…)
Et comme on pleure ou comme on chante,
Un soir tu répandis ta vie,
Comme une onde selon sa pente,
En mineur de six élégies.

Le premier poème qu’il nous reste date de janvier de cette même année 1898, À Mlle A. d’Arbois, Deubel a 18 ans :

Vous êtes cette rose blonde
Éclose au jardin de mon Rêve

En Avril 1899, Deubel quitte Arbois pour le Collège de Saint-Pol-sur-Ternoise, où il trouvera une situation beaucoup plus difficile2.

Cependant la situation administrative de Deubel s’aggrave. Le 11 février 1900, alors qu’il est à Boulogne-sur-mer chez un ami, il reçoit l’annonce de sa révocation. Désormais la misère va commencer.
Détresse

L’arrivée à Paris le 1er mars 1900 au soir3 ouvre sur la misère. Pour un bachelier, donc d’un niveau d’étude assez rare à l’époque, aucun débouché s’il n’a pas de relations. « Je suis resté 48 heures sans manger autre chose qu’une écorce d’orange trouvée dans la rue4 ». Et plus tard : « Je passe la nuit entière à marcher pour ne pas me faire ramasser et, le matin, je vais dormir trois heures entre 2 colonnades du Louvre5. »

À trois heures du matin, dans le Paris de la Belle Époque :

Seigneur ! Je suis sans pain, sans rêve et sans demeure,
Les hommes m’ont chassé parce que je suis nu.

Et lorsqu’il trouve un abri précaire :

J’ai faim, j’ai froid, la lampe est morte
Au fond de ce soir infini.

Il écrit les poèmes Détresses II et Détresse I qui trouveront place dans le recueil suivant : Le Chant des Routes et des Déroutes. Enfin alerté, son oncle paternel, qui dirige une affaire d’épicerie en gros, lui apporte une aide jusqu’au début de son service militaire. Mais Deubel est marqué par l’épreuve :

La vie résonne comme un pas
Qui s’est égaré sur la route,
Et l’ombre luit comme une voûte
Dont tu ne t’échapperas pas.
Le Soleil d’Italie

Au cours des trois ans de service militaire à Nancy, Léon Deubel reçoit un héritage de 12 000 F. Une forte somme à l’époque : un petit repas coûte 0,75 F. Léon Deubel s’enivre de poésie et peut faire publier Le Chant des routes et des Déroutes ainsi que Sonnets intérieurs. Puis, dès le service militaire fini, il file en Italie. Venise, Florence, Fiesole, Pise, c’est une révélation. La lumière du sud le transforme. À son retour, fin 1903, il est hébergé chez Louis Pergaud, qui sera toujours un ami très proche. Il fait paraître Vers la vie, Sonnets d’Italie, La Lumière natale. Mais ses ressources financières étant à bout, ces recueils paraissent en très peu d’exemplaires. Léon Deubel trouve enfin un emploi régulier de secrétaire à la Rénovation Esthétique. Il héberge Edgard Varèse, écrit, fait paraître Poésies, avec des poèmes d’une nouvelle manière, plus rigoureuse, moins naturelle. On y trouve Tombeau du poète, L’Invitation à la promenade :

Mets tes bijoux roses et noirs
Comme les heures du souvenir
Mets ce qui s’accorde, ce soir,
À ce qui ne peut revenir :
(...)
Ta robe de crêpe léger
Plus incertaine qu’une charmille
Qui fait trembler dans les vergers
L’herbe frileuse à tes chevilles ;

Mais la Rénovation Esthétique change de propriétaire ; Deubel est remercié. Désormais, la misère va reprendre. Il ne trouvera que quelques ressources épisodiques dans un travail de secrétaire au service de Persky, riche mécène habitant la Suisse, qui lui confie parfois la mise au net de diverses traductions d’auteurs russes.
Décès

Le 12 juin 1913, des mariniers retirent de la Marne le corps de Léon Deubel, décédé vers le six juin.

Son tombeau sera marqué par Épitaphe :

J’ai voulu que ma vie entière
Fût comme une arche de clarté
Dont la voussure, large et fière
Descendît vers l'éternité
Et traversât dans la lumière
Le torrent noir de la cité.

Il est inhumé au cimetière parisien de Bagneux, 11e division, où sa tombe subsiste toujours.
Opinions et hommages littéraires

De très nombreux poèmes d’hommage ont été écrits pour la célébration posthume de Léon Deubel.

Je te connaissais un peu, Léon Deubel.
J'aurais pu m'approcher de toi comme ceux-là
Qui t'ont contemplé sur la dalle mouillée.
[...]
Je te connaissais un peu, Léon Deubel.
Ton départ est une chose si amère
Que j'arrête pour laisser couler mes yeux.

Extraits de Parler de Pierre Jean Jouve, Crès, août 19136.

J’ai vu Léon Deubel sur la dalle gluante
Que baisa le front blanc de Gérard de Nerval.

Extrait de Les Spectres, poème de Fagus, Le Divan, mai 1923.

Cette nuit là
Auprès de toi, Deubel, J’ai veillé auprès de toi
Toi, l’homme abattu, chair nue et morte sur le froid des dalles.

de Marcel Martinet, qui reconnut avec Louis Pergaud le corps de Deubel à la Morgue.

Des déclarations émues de Léon Bocquet : « Je te nomme, Léon Deubel, comme autrefois. Je t’appelle au pays des ombres où t’a rejoint Pergaud. M’entends-tu et reconnais-tu ma voix ? Écoute et sois heureux. Il y a là (…) ces jeunes gens que tu n’as pas connus, mais qui, comme Jean Réande7, t’apportent la promesse que demain tes vers embelliront les mémoires et fleuriront aux lèvres jolis des femmes.»

Et Jean Misler, Secrétaire perpétuel de l’Académie Française : « Un matin de janvier 1855, on décrocha le cadavre de Gérard de Nerval, (…) il y avait dans son gousset une pièce de deux sous. En 1913, un marinier repêcha dans la Marne le corps de Léon Deubel ; dans ses poches on trouva six sous. Cela correspond à peu près (…) à la variation du pouvoir d’achat de l’argent entre ces deux dates8. »

Wikipedia


ombeau du poète

Par les sentiers abrupts où les fauves s’engagent,
Sur un pic ébloui qui monte en geyser d’or,
Compagnon fabuleux de l’aigle et du condor,
Le Poète nourrit sa tristesse sauvage.

A ses pieds, confondus dans un double servage,
Multipliant sans cesse un formidable effort,
Les Hommes, par instants, diffamaient son essor ;
Mais lui voyait au loin s’allumer des rivages.

Et nativement sourd à l’injure démente,
Assuré de savoir à quelle ivre Bacchante
Sera livrée un jour sa dépouille meurtrie ;

Laissant la foule aux liens d’un opaque sommeil,
Pour découvrir enfin l’azur de sa patrie
Il reprit le chemin blasphémé du soleil !



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