فنون بصرية عبدالكبير البيدوري - صندوق العجائب

Mon village d’enfance, était si récent qu’il n’avait pas de nom, sinon celui de «Elfouarate», nom populaire de l’usine de séchage du phosphate, qui se situait juste en face du village, du coté Est .Seule la ligne du chemin de fer séparait cette agglomération, de l’usine, et de ses cheminées colossales , qui éjectaient dans le ciel jour et nuit , un nuage de poussière, fine , polluante , qui pénétrait partout , et que les habitants retrouvaient parfois même dans leurs poches et leur nourriture .Les ruelles aléatoires de «Elfouarate» , pour la plus part, ne menaient nulle part , et obéissaient mal aux règles de l’architecture .Ses maisons étaient construites de roches calcaires ,friables et blanchâtres ; couleur de «Elgantour» , région semi désertique , oubliée de dieu et de Satan. Qui laissait comme par vengeance ses empreintes brunâtres et sales, sur les incisives de tous les enfants, qui avaient vu le jour sur ses plateaux, regorgeant de dents de requins, fossilisés, datant de la fin de l’ère secondaire

C’était un village sans infrastructure, ni eau potable, ni électricité, comme tous les villages, qui entouraient le petit centre urbain minier : Louis Gentil (Youssoufia).
Citée interdite, privée, réservée aux cadres et aux agents de l’O.C.P (office chérifien des phosphates), avec ses coquètes villas et sa luxuriante végétation. Autant le printemps métamorphosait les environs de «Elfouarate» en un jardin d’éden, de fleurs sauvages multicolores, autant l’été absorbait sa sève terni ses couleurs, et desséchait ses paysages par sa chaleur excessive et son Chergui (vent d’Est) sec et brulant.
La poussière recouvrait les maisons, les rues et les alentours. Progressivement, la sècheresse s’installait et se généralisait durant de longs mois.
Des arthropodes et des reptiles se multipliaient, sortaient de leurs abris, pour envahir les lieux .Sous chaque pierre, il devait y avoir un scorpion ! Ainsi je me livrais en compagnie des enfants de mon âge à un jeu dangereux, qui consistait à soulever des pierres ça et là, sans aucune protection, à la recherche du scorpion mortel, de la dimension d’un cadenas comme le prétendait les adultes.
Je devais avoir presque dix ans, c’étaient les grandes vacances, avec ses longues journées qui s’écoulaient paisiblement, mais alourdies d’ennui, de pauvreté, et de rudesse du climat .Mes parents n’avaient ni les moyens ni la volonté de m’envoyer dans une colonie de vacances.
J’étais donc contraint d’inventer en permanence mes propres jeux et jouets, afin de résister à cette uniformité monotone, suffocante et insupportable de l’été.
A plusieurs reprises mes idées infantiles se heurtaient à la brutalité d’une réalité hostile à toute forme de création.
A chaque fois j’étais déçu, déconcerté, pourtant rapidement je reprenais courage,
. Sans jamais perdre espoir ; toujours à la recherche de nouvelles idées, qui m’amenaient loin, très loin, dans monde beau, différent et serein.
J’étais un enfant rêveur et pensif .Je me souviens encore lorsque je m’étais réveillé au milieu de la nuit, sur la voix d’un enfant, qui m’appelait, en imitant le barrissement d’un éléphant. L’enfant devait être le héros d’un film : «L’enfant de la jungle», que j’avais vu, quelques années auparavant, juste après l’immigration de mes parents, de la compagne vers la ville, et qui m’avait beaucoup impressionné .L’écho de sa voix raisonnait dans ma petite tête et m’empêchais de me rendormir. J’avais cherché en vain une interprétation à ce rêve, que je trouvais anxieux, en me référant à ce que me racontait ma mère sur les symboles des rêves.
En revanche, il est certain, qu’il était à l’origine de mon inspiration, concernant l’idée de fabriquer de petits animaux de la jungle, uniquement avec du tissu, et les remplir avec n’importe quoi ! Comme des oreillers, afin de jouer à l’enfant de la jungle.
L’idée m’étais apparue simple, séduisante, facile à réaliser et ne nécessitait qu’une aiguille à coudre, une bobine de fil et un ciseau.
Le lendemain, malgré, l’insomnie, j’étais déjà réveillé tôt le matin .Immédiatement j’avais expliqué mon projet à ma mère qui préparait le maigre petit déjeuner, en lui demandant, l’autorisation de me servir de sa boite à coudre, qui lui servait à raccommoder
Nos vêtements.
Elle m’avait écoutée avec attention, en souriant, puis elle avait ajoutée : -Mais comment vas-tu te procurer le tissu nécessaire ?; vu sa rareté à l’époque .Je lui avait vivement répliqué : -Je le chercherai partout où je le trouverai ,dans les rues ,dans les alentours , et même dans la décharge du village s’il le faut .Ma mère qui ne me refusait presque jamais rien ,n’avait pas hésitée à accepter ma proposition ; puis elle m’avait conseillé de faire vite ,avant que la chaleur ne s’intensifiait ,et de prendre mes précautions. Pour éviter la piqure mortelle d’un scorpion.
Vers dix heures du matin, j’étais déjà de retour à la maison, pleinement satisfait, et en ma possession, une quantité de tissus usés et sales.
Ma pauvre maman s’était chargée de tout laver, longuement et les faire sécher au soleil, mais hélas !! Combien la création artistique serait facile, si toutes les belles idées, aussi simples soit-elles étaient faciles à concrétiser.
Ce jour là j’avais travaillé presque une demi-journée à coudre ce que je croyais en faire un éléphant d’Afrique , pour n’obtenir en fin de compte qu’un misérable oreiller avec des appendices rappelant plutôt ceux d’un énorme et horrible scorpion , que les pattes et la trompe d’un joli éléphant, tel que je l’avais imaginé .
Durant la nuit, j’avais mal dormi, à cause des douleurs dues aux piqures inattentives de l’aiguille, au niveau des extrémités du pouce et de l’index de ma main gauche, une inflammation entre les mêmes doigts de la main droite, en plus d’un mal du dos diffus et incompréhensible.
Cette première expérience m’avait fait comprendre que le métier du tailleur traditionnel était difficile. Malgré l’apparence trompeuse.
Cependant, je n’avais qu’une idée fixe en tête ; réaliser mon ambitieux projet coute que coute. Je voyais comme dans un beau rêve, défiler dans mon imagination, sous l’ombre d’une forêt vierge, tous les animaux sauvages que je connaissais jusqu’alors.
Cette vision était le vrai stimulus agréable ; néanmoins pénible, qui alimentait mon obstination tenace à défier ce vide causé par un désœuvrement renforcé par une chaleur torride, et une condition sociale difficile.
Ma mère qui était mon dernier refuge à surmonter mes petites difficultés, avait déjà remarquée, ce jour là ma mauvaise humeur.
Je ne savais plus quoi faire ? Ni par où commencer ? J’étais triste. C’était elle encore une fois de plus qui m’avait conseillé et appris à utiliser le dé à coudre et me révéler de petites astuces afin de protéger mes doigts contre les piqures d’aiguille.
Ce n’était qu’après plusieurs tentatives .Infructueuses que j’avais enfin réussi à fabriquer un animal qui se tenait debout sur ses quartes pattes, sans identité précise et qui représentait à mes yeux un tigre élégant et robuste .J’avais hâte de montrer ma nouvelle création à ma mère, or à son avis mon animal ressemblait plutôt à un joli âne aux oreilles un peu courtes qu’a un félin ! Ce qui m’avait quand même encouragé à continuer cette aventure, qui commençait à devenir pour moi une distraction passionnante et sérieuse avec un désir irrésistible de mieux faire.
Jour après jour et grâce à des expériences répétées, j’avais découvert la nécessité d’un support en carton pour fixer à l’aide d’épingles le tissu que je voulais travailler. Utiliser la craie au lieu du crayon, pour le traçage du croquis .J’avais appris à me servir de l’aiguille pour d’autres fins , tel la transformation d’une bande d’étoffe en crinière d’animal , ou défaire l’extrémité d’une ficelle pour imiter une touffe de poils qui termine une queue .J’avais acquis une dextérité personnelle ,qui m’aidait à travailler avec aisance .Comme le hasard fait parfois bien les choses ,il m’était arrivé par coïncidence ,de tomber sur une vielle chemise rayée ,dont le col et les manches étaient complètement usés .J’avais tout de suite l’idée d’en faire un zèbre . Le résultat était à mon avis un chef d’œuvre ! Qui m’avait procuré un bien être, et une joie intense à tel point que ma mère partagea avec moi cette joie, en reconnaissant dans ma création un baudet rayé ! Elle qui ne connaissait pas le zèbre .Depuis lors, j’avais compris qu’il fallait trier les tissus selon la couleur et la texture, pour en fabriquer tel ou tel animal.
Chaque jour j’apprenais quelque chose qui enrichissait plus mon savoir faire .J’étais content profondément absorbé par mon travail, quand un jour, pas comme les autres, j’étais réveillé tôt le matin, non pas pour terminer le chimpanzé que j’avais presque terminé la veille, sur la faible lumière d’une chandelle, mais pour aller à l’école ! C’était le jour de la rentrée scolaire.
En revenant vers dix heures et demie à la maison, une mauvaise surprise m’attendait ! Le coin de la chambre qui me servait d’atelier était propre !!? Profitant de mon absence, ma mère que j’appelais aussi Dada avait tout jeté à la poubelle pour ne garder que le zèbre qu’elle trouvait pas mal .Elle avait aussi cachée sa Boite à Merveilles (boite à coudre).
C’était une journée chargée d’ennui d’oisiveté .J’étais taciturne et mecontent d’humeur morose et triste








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جرائم بيئية
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