Extraits de correspondance mohammed khaïr-eddine
Il faut que je me sente assez dégoûtant et assez dégoûté pour continuer ma Nausée ; il faut que celle-ci dépasse le domaine du noir. Quoi, nous sommes des aigles ou non ? Je crevais d'asphyxie. Tu ne t'imagines pas à quel point je souffre de vivre dans ces bas-fonds avec une meute de chacals qui en sont encore à dévorer les vieilles brebis du Seigneur. Avec eux point de discussion, on ne peut pas même se faire entendre. Leurs problèmes ? L'argent, la bouse, le chiendent et le froid. Pas de vie potable, pas d'âme (Mohammed en pâtirait). Mais ce choc brutal m'a finalement réouvert sur le vrai gouffre. J'ai pu reprendre mon travail. Je projette d'écrire un roman assez complexe où poésie et délire seraient un. J'ai trouvé du phosphate, aux consciences de s'ouvrir aux tonnes de vices qui m'effritent. Je suis quasiment sacrifié, par saccades : un malchanceux de premier ordre, un aveugle qui hurle à péter. C'est pourquoi j'ai écrit "Sangs". Je cherche une piste, je suis devenu flic-chirurgien. B.J. t'avait parlé de mon déséquilibre. Il avait raison. Mais mon désarroi ne se voit guère, ne se sent pas, c'est dans mon sang un bacille imbattable, une poignée de baroud prête à sauter, bref c'est moi-même, avec mes tiraillements intestinaux et mes bouches tordues ; moi-même pas fichu de rendre visite à mes collègues poètes ou borgnes ici présents...
Nous devons nous imposer, il est temps. Nous dénoncerons les malfaiteurs qui strient les chairs de notre peuple, essayer d'abolir les traditions les plus proches des ferrements. Proclamer la Liberté. Ce n'est pas sans raison que je m'exile ici. D'abord je voudrais faire un chemin à suivre. Et en même temps attirer l'attention du voleur et du volé, du crocodile et de la victime, des nouveaux sorciers de l'Afrique et des hypnotisés...
Tous ceux d'ici qui se réclament de l'avant-garde se leurrent. L'avant-garde c'est tout ce qui se fait en Afrique. On ne fait ici que continuer une certaine écriture qu'on arrange tant bien que mal, et une philosophie stérile qui n'a de prise sur l'homme que par la confiance qu'il place en elle
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mohammed khaïr-eddine
Il faut que je me sente assez dégoûtant et assez dégoûté pour continuer ma Nausée ; il faut que celle-ci dépasse le domaine du noir. Quoi, nous sommes des aigles ou non ? Je crevais d'asphyxie. Tu ne t'imagines pas à quel point je souffre de vivre dans ces bas-fonds avec une meute de chacals qui en sont encore à dévorer les vieilles brebis du Seigneur. Avec eux point de discussion, on ne peut pas même se faire entendre. Leurs problèmes ? L'argent, la bouse, le chiendent et le froid. Pas de vie potable, pas d'âme (Mohammed en pâtirait). Mais ce choc brutal m'a finalement réouvert sur le vrai gouffre. J'ai pu reprendre mon travail. Je projette d'écrire un roman assez complexe où poésie et délire seraient un. J'ai trouvé du phosphate, aux consciences de s'ouvrir aux tonnes de vices qui m'effritent. Je suis quasiment sacrifié, par saccades : un malchanceux de premier ordre, un aveugle qui hurle à péter. C'est pourquoi j'ai écrit "Sangs". Je cherche une piste, je suis devenu flic-chirurgien. B.J. t'avait parlé de mon déséquilibre. Il avait raison. Mais mon désarroi ne se voit guère, ne se sent pas, c'est dans mon sang un bacille imbattable, une poignée de baroud prête à sauter, bref c'est moi-même, avec mes tiraillements intestinaux et mes bouches tordues ; moi-même pas fichu de rendre visite à mes collègues poètes ou borgnes ici présents...
Nous devons nous imposer, il est temps. Nous dénoncerons les malfaiteurs qui strient les chairs de notre peuple, essayer d'abolir les traditions les plus proches des ferrements. Proclamer la Liberté. Ce n'est pas sans raison que je m'exile ici. D'abord je voudrais faire un chemin à suivre. Et en même temps attirer l'attention du voleur et du volé, du crocodile et de la victime, des nouveaux sorciers de l'Afrique et des hypnotisés...
Tous ceux d'ici qui se réclament de l'avant-garde se leurrent. L'avant-garde c'est tout ce qui se fait en Afrique. On ne fait ici que continuer une certaine écriture qu'on arrange tant bien que mal, et une philosophie stérile qui n'a de prise sur l'homme que par la confiance qu'il place en elle
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mohammed khaïr-eddine