« 26 décembre 1932.
Cher Monsieur,
Je vous remercie vivement pour votre lettre si détaillée et aimable. Vous auriez pu me répondre plus brièvement : “ Tant de bruit... ” Mais vous avez eu amicalement égard à ma susceptibilité particulière sur ce point, qui est sans doute une forme de réaction contre l’ambition démesurée de l’enfance, heureusement surmontée.
Je ne saurais prendre en mauvaise part aucune de vos autres remarques critiques, bien que j’y puisse trouver plusieurs motifs de polémique. Ainsi, par exemple : je crois que si je n’ai pas poursuivi l’analyse de mes propres rêves aussi loin que celle des autres, la cause n’en est que rarement la timidité à l’égard du sexuel. Le fait est, bien plus souvent, qu’il m’eut fallu régulièrement découvrir le fond secret de toute la série de rêves, consistant dans mes rapports avec mon père qui venait de mourir. Je prétends que j’étais en droit de mettre une limite à l’inévitable exhibition (ainsi qu’à une tendance infantile surmontée !)
Et maintenant un aveu, que vous devez accueillir avec tolérance ! Bien que je reçoive tant de témoignages de l’intérêt que vous et vos amis portez à mes recherches, moi-même je ne suis pas en état de me rendre clair ce qu’est et ce que veut le surréalisme. Peut-être ne suis-je en rien fait pour le comprendre, moi qui suis si éloigné de l’art.
Votre cordialement dévoué,
Freud. »
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Cher Monsieur,
Je vous remercie vivement pour votre lettre si détaillée et aimable. Vous auriez pu me répondre plus brièvement : “ Tant de bruit... ” Mais vous avez eu amicalement égard à ma susceptibilité particulière sur ce point, qui est sans doute une forme de réaction contre l’ambition démesurée de l’enfance, heureusement surmontée.
Je ne saurais prendre en mauvaise part aucune de vos autres remarques critiques, bien que j’y puisse trouver plusieurs motifs de polémique. Ainsi, par exemple : je crois que si je n’ai pas poursuivi l’analyse de mes propres rêves aussi loin que celle des autres, la cause n’en est que rarement la timidité à l’égard du sexuel. Le fait est, bien plus souvent, qu’il m’eut fallu régulièrement découvrir le fond secret de toute la série de rêves, consistant dans mes rapports avec mon père qui venait de mourir. Je prétends que j’étais en droit de mettre une limite à l’inévitable exhibition (ainsi qu’à une tendance infantile surmontée !)
Et maintenant un aveu, que vous devez accueillir avec tolérance ! Bien que je reçoive tant de témoignages de l’intérêt que vous et vos amis portez à mes recherches, moi-même je ne suis pas en état de me rendre clair ce qu’est et ce que veut le surréalisme. Peut-être ne suis-je en rien fait pour le comprendre, moi qui suis si éloigné de l’art.
Votre cordialement dévoué,
Freud. »
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