Lettre d’Honoré de Balzac à Madame Hanska

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Si tu savais combien de superstitions tu me donnes. Dès que je travaille je mets à mon doigt le talisman, cet anneau sera à mon doigt pendant toutes mes heures de travail, je le mets au 1er doigt de la main gauche, avec lequel je tiens mon papier, en sorte que ta pensée m'étreint, tu es là avec moi, maintenant au lieu de chercher en l'air mes mots, et mes idées je les demande à cette délicieuse bague et j'y ai trouvé tout Séraphîta.

Amour céleste, que de choses j'ai à te dire, et pour lesquelles il faudrait les saintes heures pendant lesquelles le coeur sent le besoin de se mettre à nu. Les adorables plaisirs de l'amour ne sont que les moyens d'arriver à cette union, cette fusion des âmes. Chère, avec quelle joie, je vois mes fortunes de coeur, et le sort de mon âme assurés. Oui, je t'aimerai, seule et unique dans toute ma vie. Tu as tout ce qu'il me plaît. Tu exhales pour moi, le parfum le plus enivrant qu'une femme puisse avoir, cela seul est un trésor d'amour. Je t'aime avec un fanatisme qui n'exclut pas cette ravissante quiétude d'un amour sans orages possibles. Oui, dis-toi bien que je respire par l'air que tu aspires, que je ne suis jamais avoir d'autre pensée que toi. Tu es la fin de tout pour moi. Tu seras La Dilecta jeune, et déjà je te donne La Prédilecta, ne murmure pas de cette alliance de 2 sentiments, je voudrais croire que je t'aimais en elle, et que les nobles qualités qui m'ont attendri, qui m'ont fait le meilleur que n'étais, sont toutes en toi.

Je t'aime, mon ange de la terre, comme on aimait au Moyen Âge, avec la plus entière des fidélités, et mon amour sera toujours plus grand, sans tache, je suis fier de cet amour. C'est le principe d'une nouvelle vie. De là, le nouveau courage que je me sens contre mes dernières adversités. Je voudrais être plus grand, être quelque chose de glorieux pour que la couronne à poser sur ta tête fût la plus feuillue, la plus fleurie, de toutes celles qu'ont noblement gagnées les grands hommes. N'aie donc jamais ni défiance, ni crainte ; il n'y a pas d’abîmes dans les cieux. Mille baisers pleins de caresses, mille caresses pleines de baisers. Mon Dieu, ne pourrais-je donc jamais te faire bien voir combien je t'aime, toi, mon Eve.

Honoré de Balzac

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