Léopold Sédar Senghor
Présidence de la République
Le 17 mai 1972
Mon cher Garaudy,
J’ai bien reçu ta lettre du 7 mai 1972, que tu m’as fait remettre, avant ton départ de Dakar, en même temps que ta conférence sur « la Contribution de l’Art nègre à la civilisation de l’Universel ».
Je te dirai, simplement, que ta conférence m’a enthousiasmé. Et elle m’a rendu confiance. Car elle me confirme que ce qui n’était, chez moi, qu’intuition de poète et, au mieux, analyse de grammairien essayant, à travers la langue et le style, de saisir les ressorts mêmes de la vie, que tout cela exprimait une réalité non seulement vécue, mais vraie.
Ce qui fait la valeur, pour moi, de cette confirmation, c’est que tu es un philosophe en même temps qu’un politique et qu’étant tel, tu traduis les deux aspects d’une même réalité.
En ce qui concerne le projet du « Dialogue des Civilisations » que l’UNESCO a patronné et dont tu es l’âme, j’y souscris entièrement, et je suis à ta disposition pour t’y aider dans la mesure de mes moyens - et surtout de mon temps, qui est, comme tu le sais, limité.
Je t’envoie un certain nombre de mes conférences qui te prouveront, plus que tout, que je partage les mêmes idées que toi :
(suit la liste).
Tu t’étonneras que je ne t’aie pas cité dans ces différentes conférences. Comme je te l’ai dit, il y a plusieurs années que je suis tes activités et que je lis tes œuvres, comme te le prouve le fait que je t’ai fait dédicacer deux de tes œuvres majeures. Souvent même, j’ai brûlé de t’écrire des lettres pour te féliciter, mais j’ai toujours été retenu par la craine de te compromettre. C’est pourquoi, au demeurant, je ne te citais pas. Maintenant que tu m’as bien expliqué ta situation, ce sera autre chose, et ce que tu risques, c’est d’être trop cité.
Crois, mon cher Garaudy, à l’assurance de mes sentiments très amicaux.
LSS
Présidence de la République
Le 17 mai 1972
Mon cher Garaudy,
J’ai bien reçu ta lettre du 7 mai 1972, que tu m’as fait remettre, avant ton départ de Dakar, en même temps que ta conférence sur « la Contribution de l’Art nègre à la civilisation de l’Universel ».
Je te dirai, simplement, que ta conférence m’a enthousiasmé. Et elle m’a rendu confiance. Car elle me confirme que ce qui n’était, chez moi, qu’intuition de poète et, au mieux, analyse de grammairien essayant, à travers la langue et le style, de saisir les ressorts mêmes de la vie, que tout cela exprimait une réalité non seulement vécue, mais vraie.
Ce qui fait la valeur, pour moi, de cette confirmation, c’est que tu es un philosophe en même temps qu’un politique et qu’étant tel, tu traduis les deux aspects d’une même réalité.
En ce qui concerne le projet du « Dialogue des Civilisations » que l’UNESCO a patronné et dont tu es l’âme, j’y souscris entièrement, et je suis à ta disposition pour t’y aider dans la mesure de mes moyens - et surtout de mon temps, qui est, comme tu le sais, limité.
Je t’envoie un certain nombre de mes conférences qui te prouveront, plus que tout, que je partage les mêmes idées que toi :
(suit la liste).
Tu t’étonneras que je ne t’aie pas cité dans ces différentes conférences. Comme je te l’ai dit, il y a plusieurs années que je suis tes activités et que je lis tes œuvres, comme te le prouve le fait que je t’ai fait dédicacer deux de tes œuvres majeures. Souvent même, j’ai brûlé de t’écrire des lettres pour te féliciter, mais j’ai toujours été retenu par la craine de te compromettre. C’est pourquoi, au demeurant, je ne te citais pas. Maintenant que tu m’as bien expliqué ta situation, ce sera autre chose, et ce que tu risques, c’est d’être trop cité.
Crois, mon cher Garaudy, à l’assurance de mes sentiments très amicaux.
LSS