Lettre inédite de Raymond Cousse à Samuel Beckett

3-01-76 Paris
Cher Samuel Beckett

Il y a longtemps que je souhaitais vous écrire. Si je ne l’ai pas fait plus tôt, ce n’est pas faute d’y avoir pensé. Il y a en effet peu de jours où je ne pense pas à vous. La Terrine continue cahin-caha sa carrière. Je n’ai pas pour le moment d’autre solution que de la jouer, principalement pour des raisons économiques. Nous en sommes actuellement à 140 représentations environ. Ce n’est pas rien, d’autant que chacune d’entre elles doit être négociée au préalable. Ce qui me prend l’essentiel de mon temps. Je tiens toujours le rôle de Gros-Papa, assez correctement je crois (fausse modestie, je pense y pêtre très bon, Chabert a d’ailleurs dû vous le dire). Nous jouons principalement pour les enfants. A peu près partout, c’est un accueil enthousiaste. Une partie des enseignants traite la pièce par le mépris (puérilité, non culturel, non pédagogique, grosses ficelles, etc.)... C’est bien normal, après tout. Je préfère déplaire aux enseignants qu’aux enfants. Nous tournons surtout dans la banlieue parisienne, un peu aussi en Province. (...). Si vous avez le temps de lire Refus d’obtempérer (en annexe) et de me dire l’effet qu’il vous aura fait, ça me ferait plaisir. (...) Ça vous surprendra peut-être, mais je m’efforce de tenir un journal. Et pas une fois par-ci par là. Non tous les jours, j’ai ainsi écrit plus de 1 700 pages en moins de 6 mois. Question d’éthique personnelle, vous comprenez . (...)
A bientôt, j’espère. Marie-Claude se joint à moi pour vous transmettre nos amitiés.

Raymond Cousse

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