ديوان الغائبين ألكسي كولستوف Alexeï Vassiliévitch Koltsov - روسيا - 1809 - 1842

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né le 15 octobre 1809 à Voronej, décédé le 19 octobre 1842 dans la même ville), était un poète russe sorti du peuple, et d'expression populaire.

C'était un enfant destiné en apparence à aider ses parents dans leur humble et rustique industrie. Il fréquenta pendant quatre ans une école de district, puis s'en fut dans la steppe, pour monter la garde auprès des troupeaux de bœufs et de moutons. Mais il emportait un recueil de poésies populaires, qui devaient le distraire pendant les longues heures de solitude. Il emportait aussi, à ce qui parut, l'âme d'un poète.

La complaisance d'un libraire mit plus tard d'autres lectures à sa portée, toute une petite bibliothèque avec les œuvres de Dmitriev, Joukovski, Pouchkine, Delwig. Elles commencèrent par lui donner l'idée, non de faire des vers, mais de devenir amoureux.

Douniacha, l'héroïne de l'idylle qu'il ébaucha, était une jeune serve. Les parents du héros jugèrent qu'il y aurait mésalliance, et, pendant qu'ils éloignaient l'héritier présomptif de leurs troupeaux, Douniacha, vendue à bons deniers comptants en surcroît d'un lot de viande salée, disparut sans trace. Elle devait mourir deux années plus tard chez son nouveau propriétaire, un riverain du Don, qui l'accabla de mauvais traitements. Koltsov ne la revit plus.

Des amis nouveaux arrivèrent à point pour lui tendre une main secourable au milieu de cette épreuve : Andreï Porfirévitch Sérébrianski d'abord, jeune poète, dont le chant mélancolique « Rapides comme les vagues sont les jours de notre vie » eut une heure de popularité ; puis Nikolaï Stankevitch, dont le père était propriétaire aux environs de Voronej. Celui-ci trouva encore là à faire œuvre de Mécène. Grâce à lui, le jeune pâtre entra inopinément en contact avec les cercles littéraires de Moscou, et, en 1835, un premier recueil de ses poésies paraissait aux frais de son généreux protecteur. Une révélation !

La poésie populaire n'avait été rattachée jusque-là à la poésie artistique que par un lien artificiel. Koltsov créait entre elles un lien organique. Frais et simples, avec leurs couleurs vives et leurs gazouillements d'oiseau, ou leurs teintes sombres et leurs voix plaintives, les chants rustiques gardaient sous sa plume leur originalité entière, tout en se revêtant d'une forme exquise. C'était de l'art et c'était cependant aussi de la nature prise sur le fait. On eut la sensation de respirer l'air de la prairie et de boire à même le ruisseau. Ces vers ne se déclament pas; on voudrait les chanter, avec accompagnement de quelque balalaïka.

Koltsov n'atteignit pas du coup, on l'imagine bien, une maîtrise entière dans cet art nouveau, cette merveilleuse fusion d'éléments divers. Il ne manqua pas, à son premier essai, de verser occasionnellement dans l'imitation des modèles romantiques, et d'y gâter son talent. Et ce talent avait encore un espace de temps si parcimonieusement compté pour s'affermir et se développer ! En 1835 le jeune poète put faire quelque séjour à Pétersbourg et à Moscou et y fréquenter les milieux intellectuels ; mais jusqu'en 1840, tout en entretenant des relations avec Biélinski et avec son cercle, il dut donner la plus grande part de sa vie au commerce qui le faisait vivre lui et les siens. Deux années plus tard, il était mort. Epuisé, tué à trente-trois ans par le travail et le chagrin. Miné par la dépression et la tuberculose, il mourut à seulement 33 ans.

Il est enterré à Voronej.

« Les nuages portent l’eau,
L’eau abreuve la terre,
La terre porte les fruits ;
Dans le ciel il y a une infinité d’étoiles,
Dans l’univers l’infinité de la vie ;
L’admirable nature
Est tantôt sombre et tantôt lumineuse…

Vieillissant dans les doutes
Au sujet des grands mystères,
Les siècles se suivent sans retour
Les uns après les autres ;
L’éternité questionne
Chaque siècle qui passe :
“Comment s’est terminée la crise ?”
Chaque siècle lui répond :
“Interroge là-dessus un autre”. »



Poème dans la traduction de Léopold Wallner (« Littérature russe » dans « La Jeune Belgique », vol. 12, p. 38-44)

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